Chapitre XIX

Le capitaine de Guerreval immobilisa son dalka. Devant lui s’étirait la misérable colonne des paysans chassés de leurs terres. Cela faisait quatre jours qu’ils avaient quitté Fréquor. Maintenant le but était proche car les montagnes se découpaient à l’horizon, hautes, avec des sommets enneigés. Un col étroit donnait accès à la vallée de l’autre côté. Ici, il allait pouvoir organiser sa ligne de défense.

Au cours de leur marche, ils avaient été rejoint par quelques chevaliers amenant des hommes d’armes mais la troupe restait maigre. Le plus pénible avait été de contraindre les paysans à quitter leurs fermes. En dépit de la peur inspirée par les Godommes, nombre d’entre eux souhaitaient rester. Il avait fallu les enrôler de force et vider les greniers de toutes les provisions pour ne rien laisser à l’ennemi. Cela n’avait pas été sans mal et il avait fallu toute l’autorité du connétable pour y parvenir.

Sentant le lieu du repos approcher, la colonne avançait plus rapidement. Le col franchi, Rixor n’était plus qu’à une demi-journée de marche. Le soleil chauffait fortement et Henri transpirait d’abondance sous son armure.

Il secoua la tête et se retourna pour s’assurer que personne ne traînait derrière lui. Il allait reprendre sa marche quand il aperçut au loin trois cavaliers. Un instant inquiet, il se rassura en voyant qu’ils n’avaient pas l’apparence des Godommes. Il fit signe à l’officier commandant le détachement de poursuivre son avance pendant qu’il attendait les traînards.

Moins d’une demi-heure plus tard, Yvain arrivait à sa hauteur.

— Quel plaisir de vous retrouver, souffla ce dernier, je commençais à désespérer.

Il n’avait guère bonne mine avec ses vêtements couverts de poussière, ses traits tirés de fatigue où la sueur avait creusé des rigoles dans la crasse qui recouvrait ses joues. Ses compagnons n’avaient pas meilleure allure et Henri la main morte mit plusieurs secondes à reconnaître Priscilla.

— Princesse, dit-il, nous étions très inquiets sur votre sort.

— Merci, répondit-elle sèchement. Rixor est-elle encore loin ?

— En pressant vos montures, vous pourrez l’atteindre avant la tombée de la nuit. Le roi est déjà installé au château avec votre mère.

Questionné par Yvain, il ajouta :

— Nous n’avons pas de nouvelles de de Gallas. Il devait rejoindre Rixor par la mer.

Le jeune homme éperonna sa monture mais maintint un petit trot car le chemin sinueux montait fortement. Il s’engageait dans une gorge profonde dominée par des montagnes abruptes. À peu de distance du sommet du col, la gorge n’avait pas cent mètres de largeur. De nombreux gardes s’affairaient à canaliser les arrivants et à les diriger vers le chemin de la ville.

Yvain voulait arriver au plus vite à Rixor. Bien qu’elle s’efforçât de faire bonne figure, il devinait l’épuisement de Priscilla. Ils avaient quitté les rives du marais deux jours auparavant. Les consignes de de Guerreval avaient bien été appliquées et ils n’avaient rencontré âme qui vive. Le soir, seule une chaumière en ruine les avait abrités et ils n’avaient dîné que grâce à l’ingéniosité de Xil qui avait réussi à dénicher dans la ruine une trappe donnant accès à une petite cave recelant des provisions oubliées.

L’arrivée au château de la princesse causa une vive animation. Elle ne tenait encore en selle que par un miracle de volonté et se laissa tomber dans les bras d’Yvain qui l’aidait à mettre pied à terre. Elle se dégagea d’un mouvement brusque et fit quelques pas maladroits. Naturellement, aucune chambre ne lui avait été réservée mais un page eut l’idée de la conduire dans l’appartement de la reine. Cette dernière était assise dans un fauteuil, en compagnie de Risa et Aliva qui s’efforçaient de mettre un peu d’ordre dans la chambre.

Priscilla entra et fit quelques pas titubants avant de s’écrouler sur le siège que Risa lui approchait. L’apparition soudaine de sa fille sidéra la reine mais elle réagit très vite en voyant la tenue piteuse de la voyageuse.

— Risa, fais vite préparer un grand baquet d’eau, ordonna-t-elle. Aliva, allez chercher du vin et quelques nourritures.

Tandis que ses filles s’affairaient, elle proposa à Priscilla de venir s’allonger sur le lit qui se trouvait dans la chambre. Elle dut la soutenir pour franchir les quelques mètres. Une fois installée, la princesse voulut parler mais la reine l’interrompit.

— Bien que mourante de curiosité, je préfère que vous repreniez des forces avant de nous narrer vos aventures. À voir votre état, elles furent sans nuls doutes pénibles.

 

Aliva reparut, porteuse d’un plateau. Elle tendit à la princesse une coupe emplie d’un vin léger. Priscilla but rapidement avec un plaisir évident. Il lui semblait qu’elle ne pourrait jamais débarrasser sa gorge de toute la poussière de la route. Puis elle grignota une aile de volaille avant que Risa l’invite à passer dans la pièce voisine où un grand baquet de bois avait été empli d’eau. L’intérieur était tapissé d’un linge blanc pour effacer les aspérités du bois. Les deux jeunes filles aidèrent la princesse à se déshabiller. Le passage dans l’eau du marais puis la poussière avaient constitué une gangue rigide obligeant par instant à déchirer le tissu. Enfin dévêtue, Priscilla plongea avec délice dans l’eau tiède. Elle se laissa frotter par Risa qui utilisait un linge doux. Jamais un bain ne lui avait paru aussi délicieux. Elle ferma les yeux, sentant ses muscles contractés retrouver un peu de souplesse.

Enfin séchée et vêtue d’une robe légère, elle retourna dans la chambre de la reine qui la fit coucher.

— Vous avez meilleure mine et je suis impatiente de vous entendre narrer vos tribulations.

Priscilla commença à parler, d’abord lentement puis de plus en plus volubile. Elle laissa échapper une larme en évoquant la mort du connétable.

— Les Godommes m’emmenaient quand le baron d’Escarlat a surgi avec ses hommes.

— Pourquoi ne vous a-t-il pas conduite immédiatement ici, s’étonna la reine ?

— Il l’a proposé mais je m’y suis opposée. Je voulais savoir s’il avait réellement une mission à effectuer ou si c’était seulement une ruse pour échapper aux questions du roi.

Elle poursuivit son récit jusqu’à leur sortie du marais. Sa voix devenait de plus en plus faible et ses yeux papillotaient. La reine fit signe aux deux jeunes filles qui écoutaient bouche bée, de sortir. À demi-endormie, la princesse murmura :

— Je devrais haïr Yvain. Je me suis donnée au Prince des ténèbres pour qu’il accepte de l’arracher à cette terre. Cependant, dans le marais, je me suis allongée près de lui et un grand trouble m’a envahie. Je ne comprends pas comment cela a pu se produire… C’était délicieux et infernal. Pensez-vous qu’il soit une émanation du Prince des ténèbres ?

Ce n’était plus qu’un murmure qui sortait de sa gorge.

— Dormez, ma fille, nous reparlerons de tout ceci demain.

Elle sortit de la pièce et referma doucement la porte. Dans le couloir, Aliva l’attendait pour lui demander :

— Puis-je m’absenter un moment ? Si j’ai bien compris, mon frère est ici et j’aimerais lui parler.

— Va et dis-lui que je souhaite le remercier. Pour l’instant, je me rends chez le roi.

Aliva, après bien des recherches finit par retrouver Yvain dans la chambre de de Gallas. Ayant deviné que le roi réserverait une chambre pour son ami, il se l’était fait indiquer par un page et il n’avait pas craint de lui emprunter son appartement. Après une toilette à une fontaine coulant dans la cour, il avait également pillé la garde-robe pour enfin trouver une tenue à sa taille. Seul petit détail, le pourpoint de toile se tendait dangereusement quand il respirait.

— Je te trouve enfin, jeta-t-elle avec hargne. Tu aurais pu venir me voir.

Sans lui laisser le temps de répondre, elle poursuivit :

— Viens, notre vieille Nara est malade et elle veut te voir. L’idée de mourir sans avoir pu te parler la hantait.

— Qu’a-t-elle ?

— La fuite de notre château l’avait beaucoup fatiguée. Le voyage de Fréquor à Rixor a achevé de l’épuiser.

Yvain suivit sa sœur dans une série d’escaliers en colimaçon pour arriver dans une minuscule pièce au dernier étage d’une tour. Nara était allongée sur une paillasse posée à même le sol. Son teint était grisâtre, sa respiration haletante. De larges cernes creusaient ses paupières.

— Mon petit, chuchota-t-elle, approche. Aliva, laisse-nous un moment.

Bien qu’intriguée, la jeune fille sortit tandis qu’Yvain s’agenouillait près de la vieille.

— Je remercie l’Être Suprême de me permettre de te revoir avant de mourir.

Elle coupa d’un petit geste la protestation qui allait jaillir de la bouche d’Yvain.

— Laisse-moi parler car mes forces déclinent rapidement. J’ai un secret que je ne veux pas emporter avec moi. C’est celui de ta naissance. Après trois ans de mariage, ta mère se désespérait de ne pas avoir d’enfant. Cela l’angoissait et l’empêchait souvent de dormir. Une nuit, nous étions en train de prier quand une lueur est apparue dans le ciel. Nous nous sommes approchées de la fenêtre. La nuit était noire mais nous avons vu une étoile filante. Elle était particulièrement brillante et descendait très vite vers le sol qu’elle a atteint au niveau du vieux cimetière. Elle s’est alors éteinte. Ta mère était persuadée que c’était un signe du destin. Elle est restée longtemps à la fenêtre et, dès le lever du jour, elle a insisté pour sortir du château.

Nara ferma un instant les yeux puis reprit :

— Je vois encore la scène. Une petite brume flottait sur le cimetière sur lequel pesait un grand silence. Nous avons alors perçu un cri minuscule, un petit gazouillement. C’était un enfant nouveau-né dans un curieux berceau de fer qui s’est embrasé dès que nous avons pris l’enfant dans nos bras.

— Comment saviez-vous que c’était un nouveau-né ?

— Le cordon ombilical n’était pas encore tombé. Il était nu, seulement enveloppé dans un linge tissé dans une matière inconnue. Ta mère ne voulait plus lâcher l’enfant et l’a ramené au château. Ton père a été fort surpris mais il a fini par céder aux suppliques de sa femme et ils ont décidé de l’élever comme leur fils.

— Je suis cet enfant ?

— Oui mais je peux te jurer que ta mère t’a aimé comme si tu étais sorti de son ventre. Ton père également même si, par instants, il a pu te paraître sévère. Il voulait pour toi la meilleure éducation et était très fier de tes progrès.

— Maintenant, je comprends mieux ce qu’il a voulu me dire avant de mourir, murmura Yvain qui sentait ses yeux s’humidifier.

— Rassure-toi, j’emporte ce secret avec moi mais je tenais à te le faire partager. Appelle ta sœur car je veux aussi lui faire mes adieux.

La voix n’était plus qu’un discret murmure. La peau avait pris une teinte parcheminée tandis que de minuscules gouttes de sueur sourdaient des pores.

Derrière la porte, Aliva patientait, dévorée de curiosité.

— Qu’a-t-elle pu te dire pendant tout ce temps ?

— Elle m’a fait jurer de veiller sur toi, improvisa Yvain. Elle te demande.

Il resta immobile un long moment. Les dires de l’entité du marais revenaient à sa mémoire. “Si les anticorps ne t’ont pas attaqué, c’est que ton organisme est différent des autres.”

Aliva ne tarda pas à reparaître en larmes.

— C’est terminé, elle vient de mourir. Je vais demander à la reine de lui faire donner une sépulture décente.

De retour à sa chambre, Yvain trouva un page qui l’attendait.

— Messire, le roi vous mande.

 

Karlus était installé dans une petite salle voûtée mais il avait trouvé le temps de faire porter ses précieux manuscrits qui reposaient sur une grande table. Il sourit à Yvain qui arrivait. Ce dernier était assez inquiet sur l’accueil qui allait lui être réservé. Le souverain n’avait certainement pas apprécié son duel avec Renaud et n’allait pas manquer de lui demander des explications. Il espérait que de Guerreval avait réussi à le convaincre de son innocence.

Les premières paroles du roi le rassurèrent vite.

— Entrez, Yvain. Je viens de voir ma mère qui m’a conté une partie de votre odyssée. Vous êtes la providence de notre famille, d’abord en arrachant la reine aux Godommes puis en ramenant vivante ma sotte de sœur. Je veux connaître tous les détails de l’aventure. Vous nous les conterez pendant le dîner que ma mère a fait servir. Elle aussi meurt de curiosité.

Le roi prit familièrement Yvain par le bras et le conduisit dans une pièce voisine. La reine était déjà installée à table.

— Prenez place, dit-elle au jeune homme qui s’inclinait profondément.

Aussitôt, un écuyer porta des assiettes emplies de larges tranches de viande. Donnant l’exemple, la reine commença à manger.

— Allez, dit-elle. À la vue de l’état de ma fille, je me doute que vous devez être affamé.

Yvain ne se fit pas répéter l’invitation et mordit dans un morceau de viande qu’il avala promptement. Karlus et sa mère s’amusaient de voir leur invité dévorer force nourriture et ils faisaient signe à l’écuyer tranchant de renouveler les plats quand ils étaient vides. Ils attendirent patiemment que la fringale de leur hôte soit apaisée pour commencer à le questionner.

Le récit fut long car Yvain donnait tous les détails qu’on lui demandait. Il termina en disant :

— Sire, il me faut reconnaître que j’ai piteusement échoué dans la mission confiée par messire de Guerreval. Je n’ai aucunement retardé l’avance de l’armée Godomme et tous mes hommes sont morts. Ma seule excuse est d’avoir été trahi.

Il sortit de son pourpoint le fragment de parchemin que le roi saisit avec curiosité.

— Notre Grand Prêtre a bien vite choisi le parti des Godommes, grinça-t-il. J’espère avoir l’opportunité de le lui faire regretter.

— Vous avez sauvé ma fille, intervint la reine, et croyez que nous ne l’oublierons pas. Toutefois, j’avoue que votre aventure dans le marais est bien difficile à croire.

— C’est pourtant l’exacte vérité. Malheureusement, mes compagnons ne pourront le confirmer car la créature a seulement voulu communiquer avec moi.

— Probablement est-ce parce que vous étiez le seul porteur d’un cristal, murmura le roi. Il augmente les perceptions sensorielles. Je vous remercie de nous avoir parlé franchement mais je crois qu’il serait préférable de ne pas répandre cette histoire. L’existence d’une créature vivante totalement différente de nous pourrait perturber mes sujets qui ont déjà bien des motifs d’inquiétude.

— Je vous obéirai en tout. Je vous demande l’autorisation de rejoindre demain matin l’armée et messire de Guerreval.

— Faites mais reposez-vous d’abord.

De retour dans la chambre, Yvain vit un jeune écuyer qui l’attendait.

— Messire de Guerreval m’avait chargé de prendre soin de votre armure qu’il a emmené dans ses bagages en quittant Fréquor. Il a même fait confectionner un nouveau bouclier qui porte vos armes car il se doutait que le vôtre serait fort abîmé.

— Il a même disparu, ricana Yvain. Je n’oublierai pas d’exprimer au connétable toute ma gratitude.

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